La nécrose, le danger principal des injections d’acide hyaluronique

Le succès et la généralisation de la médecine esthétique de ces dernières années a, par essence, conduit à la multiplication des injections d’acide hyaluronique. Or, il faut que chacun, aussi bien les patients que les praticiens, garde à l’esprit qu’aucune injection n’est anodine. En effet, la complication la plus redoutée des injections d’acide hyaluronique est sans conteste la nécrose, bien qu’elle soit heureusement rare Par ailleurs, afin de s’en prémunir, il existe des moyens de prévention, et surtout de traitement.
Pour l’éviter le plus important est la prévention grâce à une connaissance sans faille de l’anatomie et bien évidemment, le cas échéant savoir quoi faire.
Causes et mécanisme de la nécrose liée aux injections d’acide hyaluronique
Obstruction vasculaire
C’est l’obstruction d’une artère, souvent dite terminale, qui provoque la nécrose. En réalité, celle-ci est l’effet final de cette obstruction. Sa cause est l’injection accidentelle d’acide hyaluronique dans une artère ou sa compression par des bolus (injection de petites quantités d’acide hyaluronique). Ainsi, le sang n’atteint plus les tissus cutanés, ceux-ci sont privés d’oxygène. On parle alors d’ischémie tissulaire. La peau commence alors à souffrir.
Zones à haut risque
Heureusement, les zones à haut risque sont connues et les médecins adaptent les techniques d’injection, par exemple, en utilisant une canule. Les zones les plus à risques sont :
- La glabelle (au niveau de la ride du lion) parce qu’il y a une grande variation anatomique entre les individus et qu’il y a des artères terminales superficielles. C’est pour cela que pour traiter la ride du lion, le docteur Slodzian utilise de la toxine botulique et non de l’acide hyaluronique.
- Les sillons nasogéniens. Surtout lorsqu’ils sont injectés avec une aiguille. En effet, dans le sillon passe l’artère angulaire qui vient de l’artère faciale, une des plus grosses artères du visage.
- Le nez. La rhinoplastie médicale est un geste à risque. Elle doit donc être réalisée par un médecin entrainé et expérimenté.
Il existe de nombreuses autres zones auxquelles il faut être vigilant. Soit parce qu’il y a de grosses artères au voisinage comme l’artère faciale au niveau de la jawline. Soit parce que les artères sont très nombreuses comme la lèvre.
Symptômes et diagnostic de la nécrose
Signes immédiats
Les premiers signes apparaissent immédiatement et sont typiques. Tous peuvent ne pas être présents. Ceux-ci sont :
- Douleur intense et immédiate au moment de l’injection.
- Décoloration cutanée.
- Sensation de brûlure ou picotements, même si ceux-ci sont moins spécifiques d’une occlusion artérielle.
Signes précoces
Ceux peuvent apparaître dans les 48h qui suivent les injections en moyenne.
- Un livedo. C’est l’apparition d’un maillage coloré sur la peau.
- Une coloration de la zone injectée ou en périphérie.
Signes tardifs
Ces signes apparaissent s’il n’y a pas eu de prise en charge précoce. En général, on n’y arrive pas.
- Apparition de plaques noires ou de croûtes (signes de mort tissulaire).
- Ulcérations et perte de tissu en l’absence de prise en charge aux stades immédiates ou précoces.
Méthode diagnostique
- Examen clinique approfondi : lors de l’injection le docteur contrôle en permanence la réaction de votre peau, même les signes les plus fugaces d’ischémie. Il prend également le temps de réexaminer les zones injectées après l’injection.
- Communication permanente avec le ou la patiente lors du geste : une douleur intense lors de l’injection doit être signalée immédiatement au médecin.
- Communication et disponibilité du médecin dans les suites de l’injection pour une prise en charge la plus précoce possible. Il y a de nombreuses possibilités de rentrer en contact avec le docteur Slodzian : instagram (@laparte-esthetique), le téléphone du cabinet (05 57 14 94 36) ou directement le portable professionnel du docteur (06 33 20 79 90).
Facteurs de risque
- Manque d’expérience du praticien.
- Mauvaise connaissance de l’anatomie vasculaire.
- Techniques d’injection inadaptées (pression excessive, utilisation d’une aiguille au lieu d’une canule dans les zones à risque, injection trop rapide).
- Patients présentant des antécédents vasculaires ou des troubles de la coagulation.
Prévention
Formation et expertise du médecin esthétique
La première condition est que celui-ci soit médecin. En effet, en France, seuls les médecins sont autorisés à pratiquer des injections d’acide hyaluronique, de toxine botulique ou même les peelings ainsi que les micro-needling de plus de 5 mm de profondeur.
Tout médecin doit être formé aux gestes qu’il pratique y compris en médecine esthétique. Celui-ci doit disposer des diplômes nécessaires. Ceux-ci permettent de connaître l’anatomie la vasculaire, c’est-à-dire la position des vaisseaux sanguins, de la face, de choisir les techniques adaptées, notamment les injections à la canule ou à l’aiguille. En effet, la canule ayant une pointe mousse (non piquante), elle ne peut pas faire de perforation vasculaire. Cependant, elle est un peu moins précise que l’aiguille. C’est pour cela que l’expérience du praticien à un rôle prépondérant pour prévenir les lésions vasculaires et donc la nécrose de la peau.
Techniques d’injection sécurisées
- Injection lente et en petites quantités.
- Aspiration avant injection pour éviter une embolie vasculaire.
- Utilisation de produits réversibles (exemple : acide hyaluronique et hyaluronidase).
Surveillance et identification précoce des complications
- Éducation du patient sur les signes à surveiller après une injection : lors de chaque injection, le docteur Slodzian vous indiquera les signes à surveiller. En cas de doute, il vaut mieux le contacter pour rien, que d’attendre. En effet, le temps est un facteur crucial. Plus on attend en cas de problème, plus la peau souffre.
- Suivi médical post-injection, surtout dans les zones à risque.
Traitement et prise en charge de la nécrose
La hyaluronidase pour dissoudre l’acide hyaluronique
L’avantage de l’acide hyaluronique, c’est qu’il existe un antidote, la hyaluronidase, comme le montre cette étude. Ainsi, en cas de signes d’occlusion artérielle, on injecte de la hyaluronidase. Celle-ci dissout l’acide hyaluronique. Ainsi, la zone est revascularisée et la peau réoxygénée.
Amélioration de la vascularisation
Il y a également d’autres gestes qui n’ont pas forcément démontrer rigoureusement leur efficacité mais qui peuvent aider :
- Appliquer du chaud sur la zone pour aider la vasodilatation
- La prise de vasodilatateur comme le Viagra. Cela permet d’ouvrir les vaisseaux et d’améliorer la perfusion sanguine de la peau.
- La prise de Kardegic pour fluidifier le sang et aider à la circulation.
Autres traitements
En cas de signes d’infection localisé, on pourra également utiliser des antibiotiques soit en crème soit à prendre par la bouche.
Conclusion
La nécrose, danger le plus redouté des injections d’acide hyaluronique, est un accident. Certaines zones sont plus à risque que d’autres et elles sont bien identifiées. Cependant, même si l’on fait très attention, l’anatomie, et donc la localisation des artères, peut légèrement varier d’un individu à l’autre.
Pour cette raison, il est nécessaire que vous vous fassiez injecter non seulement par un médecin, mais surtout que celui-ci soit former, aux injections, mais également aux premiers gestes en cas de nécrose.
Pour la meilleure des prises en charges, la communication est essentielle. Cela commence lors de la consultation pour que vous compreniez les signes à surveiller, surtout lorsque l’injection a lieu dans une zone à risque (sillons naso-géniens, glabelle, rhinoplastie médicale). Mais il est essentiel que vous contactiez votre médecin au moindre doute et dans les meilleurs délais.
FAQ : Nécrose et injections d’acide hyaluronique
Comment reconnaître une nécrose après une injection ?
Une douleur vive, une décoloration de la peau ou un livedo sont des signes à surveiller dans les heures suivant l’injection.
Que faire en cas de suspicion de nécrose ?
Contacter immédiatement votre médecin injecteur. Le traitement doit être commencé au plus vite pour limiter les dégâts.
La nécrose peut-elle être évitée ?
Oui, grâce à une bonne connaissance de l’anatomie, à des techniques adaptées (canule, injection lente) et à une surveillance attentive.
Peut-on réparer les dégâts d’une nécrose ?
Oui, mais une prise en charge précoce est cruciale. Des traitements de soutien existent pour favoriser la cicatrisation.