La culte de la médecine esthétique en Corée du Sud
Allez chez son médecin esthétique en Corée du Sud est à peine moins banal que d’aller chez son dentiste. Pour cause, la Corée du Sud voue un réel culte à l’esthétisme. La beauté en est devenu un critère de réussite au même titre que l’intelligence. Dans un pays où être beau ou belle facilite grandement l’obtention d’un emploi, il n’est pas surprenant d’apprendre que plus d’un million d’actes de chirurgies esthétiques y sont réalisés chaque année. 1,2 millions pour la seule année 2015, ce qui classe la Corée du Sud troisième pays en nombre d’actes de chirurgie réalisés. Mais si on prend en compte le nombre d’actes de chirurgie par rapport au nombre d’habitants, la Corée du Sud arrive alors assez largement première.
Vous l’aurez compris, la médecine esthétique est banale en Corée du Sud. Mais d’où vient cette obsession et pourquoi ? Plongée au cœur du culte de la médecine esthétique en Corée du Sud.
Médecine esthétique en Corée du Sud : des débuts influencés par les occupations.
Durant la première moitié du XXème siècle, modifier son corps était vu comme un acte contre nature. Chose très surprenante quand on voit la Corée du Sud aujourd’hui. Comment donc a-t-on pu en arriver à cette banalisation actuelle ? En remontant dans l’histoire l’on remarque que la Corée a été occupé par le Japon au début du XXème siècle jusqu’en 1945. Les femmes Coréennes trouvaient les femmes japonaises de l’époque particulièrement belles. Leurs peaux blanches comme de la porcelaine les émerveillaient.
Après la seconde guerre mondiale, la Corée du Sud a vu sur son territoire la présence des forces armées américaines. Là encore, les coréens ont été influencés par les canons de beauté américains. C’est de cette double influence qu’est né le culte de l’esthétisme en Corée du Sud.
Les coréens ont commencé à avoir recours aux soins esthétiques dans les années 1960, s’affranchissant alors de leurs traditions ancestrales. Les recours aux soins se sont par la suite très vite banalisés et c’est pas moins de 1 300 cliniques que l’on recense en Corée du Sud aujourd’hui. Les soins y sont relativement bons marchés et attirent foule de coréens mais aussi des personnes venues de toute l’Asie voire des États-Unis qui viennent en Corée spécialement pour se faire opérer. Les opérations les plus pratiquées étant le débridage des yeux et la rhinoplastie. Suivent ensuite les greffes de graisse au niveau des joues, les implants mammaires et redessiner de la mâchoire.
Médecine esthétique en Corée du Sud : pour qui et pourquoi?
Si un certain nombre d’hommes ont recours à la médecine esthétique en Corée du Sud, les principales patientes restent les femmes. 80% des soins esthétiques sont en effet réalisés sur des femmes. Et plus particulièrement, sur de très jeunes femmes. La tranche d’âge ayant le plus recours aux soins esthétiques étant celle des 18-25 ans.
2 raisons principales à cela. La première est que la Corée du Sud est un pays où les jeunes sont très influencés par des idoles. Les idoles de K-pop y sont en effet très populaires. Et ces mêmes idoles ont recours à de nombreuses opérations avant d’être “présentable” sur scène. Ce sont généralement leurs managers eux-mêmes qui décident de quels opérations ils doivent suivre pour faire carrière. Leurs fans influencés souhaitent donc leur ressembler. Et ainsi, avoir recours aux mêmes soins qu’eux.
La seconde, qui est la plus importante, est qu’en Corée du Sud, et plus particulièrement à Séoul, la beauté est un critère qui peut être aussi important que les compétences pour trouver un emploi. La beauté est un critère d’ascension sociale en Corée du Sud et avoir recours à des soins esthétiques est donc un moyen pour les Coréens, et plus particulièrement pour les Coréennes, de faire carrière. Il est donc fréquent que les jeunes femmes se fassent faire des soins à la fin de leurs études. Il est même relativement coutumier que leurs parents leurs en offrent pour leurs anniversaires, à l’adolescence !
Ces soins esthétiques font l’objet d’une vaste campagne publicitaire du gouvernement. En effet, le gouvernement considère la médecine et la chirurgie esthétique comme un enjeu économique important. On retrouve des affiches publicitaire à l’entrée des villes, dans le métro, les transports en commun… Il est donc très facile de se renseigner sur les divers soins et opérations pratiqués.
Des pratiques qui suscitent des controverses dans le reste du monde
Le culte de la médecine esthétique est tel en Corée du Sud qu’il nourrit les débats dans le monde entier. En cause, beaucoup de coréennes ont un visage tellement transformé qu’elles doivent refaire leurs papiers d’identité pour être reconnaissables. L’élection de miss Korea est également très critiquée du fait que les candidates se ressemblent toutes aux yeux des spectateurs étrangers. Se pose alors la question de la notion d’individualité dans un pays où beaucoup abusent de la chirurgie pour ressembler à un modèle plus ou moins imposé par leur culture.